L’affaire Marion Zimmer Bradley

Je suis une grosse fan de Marion Zimmer Bradley. La principale raison pour laquelle je n’ai pas lu tous ses livres est parce que j’ai commencé à la lire avant d’avoir internet,bien avant Amazon et Primeminister, et j’avais donc pris l’habitude de lire ses ouvrages quand je tombais dessus, en librairie (souvent d’occasion) ou en bibliothèque. Mais il y a deux ans, j’ai totalement cessé de la lire, et cela après avoir découvert le post du blog de Deidre Saoirse Moen.

En Juin 2014, Deidre Saoirse Moen poste sur son blog des extraits des dépositions de Marion Zimmer Bradley lors de l’enquête policière sur la pédophilie de son mari, provenant du site de Stephen Goldin, le beau-père d’une des victimes. Contrairement à ce que j’imaginais, MZB était parfaitement au courant et ne semblait pas la condamner. Deidre Saoirse Moen contacte à cette époque la fille de MZB, Moira Greyland, qui répond en lui racontant que MZB abusait sexuellement d’elle depuis ses 3 ans. MZB verrait dans la pédophilie l’ordre naturel des choses, que la société tenterait de réfréner.

La question qui se pose alors est : peut-on continuer à lire Marion Zimmer Bradley ? Ce qui se résume à la fameuse question de la séparation auteur/œuvre mais, comme le rapporte très bien Deidre Saoirse Moen sur un autre post:

With MZB it’s the sexual nature of her work combined with the sexual nature of her atrocities that has me backing away

(quote from ShipperX on LJ)

Son œuvre contient en effet de nombreux passages érotiques, dans lesquels elle s’est naturellement projetée, et l’idée de faire de même me semble très malsaine. C’est sans doute cela qui rend la dissociation œuvre/auteure encore plus difficile que pour d’autres pédophiles tels que Woody Allen. Moira Greyland a dit avoir longtemps gardé le silence pour justement protéger cette horde de fans pour qui les livres de MZB ont été si importants (et j’en fais partie). Il est vrai que je ne connais aucune autre auteure de fantasy qui mette en scène des personnages féminins aussi forts, pas nécessairement hétérosexuels, dans des mondes imaginaires où ils combattent pour leur liberté. En tant que lesbienne, féministe et fan de fantasy/SF, l’identification était nécessairement forte et salutaire. Ses livres me manquent, sincèrement, mais je ne peux pas les dissocier de ses crimes. Je ne souhaite pas juger celles et ceux qui le font, surtout que MZB est décédée et son boycott est donc inutile. Bien au contraire, je meurs d’envie de connaitre la fin du roman que j’étais entrain de lire quand j’ai appris cela, et j’aimerais donc en être également capable.

Le pouvez-vous ?

Pour finir, toute ma compassion va à Moira Greyland et son frère Mark pour les horreurs qu’ils ont endurées, mais le pamphlet vomitif sur « tous les homosexuel.le.s sont des pédophiles« , je m’en serais bien passée, merci bonsoir.

 

 

 

 

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